Ne s’appelle pas Bombardier qui veut !

Pour s’appeler Bombardier, eh oui, il faut avoir quelque chose en plus. Ainsi, sans doute avez-vous croisé un jour, lors d’une balade dans la nature, un carabe bombardier (Brachinus crepitans). Banal ce petit scarabée ? Détrompez-vous et accrochez-vous. Ce joli coléoptère dispose d’un pouvoir très étonnant, je dirais même détonant. Sa technique n’est pas banale : quand il est attaqué, il pète sur son poursuivant, mais attention, pas n’importe comment. On vous explique…
Précisément, le carabe bombardier émet par l’anus un gaz acide et bouillant. Cela provoque d’abord une détonation qui surprend l’adversaire, puis l’asphyxie, l’aveugle et le brûle. Si c’est pas de la torture, ça ! En plus, si cette technique plutôt expéditive ne suffit pas à vous étonner, sachez que le carabe bombardier est aussi capable de retourner son abdomen pour mieux viser son ennemi. Encore mieux : gare au crapaud pas trop malin qui avalerait un carabe bombardier ! L’agressivité des produits chimiques émis par le scarabée est telle que le crapaud finit la plupart du temps par régurgiter sa proie, parfois encore vivante. Beurk….
Alors ? Qu’en pensez-vous ? Le carabe bombardier porte-t-il bien son nom ?

Plus sérieusement, la revue Sciences et Avenir détaille le mécanisme de défense de cet insecte pas comme les autres.
Gare aux fourmis qui chercheraient noise au carabe bombardier : ce coléoptère d’à peine deux centimètres émet un spray brûlant et toxique accompagné de véritables détonations, qui met en déroute la plupart des prédateurs. Les mécanismes de ce moyen de défense ont été élucidées par une équipe du Massachusetts Institute of Technology (Etats-Unis). Les chercheurs ont visionné l’intérieur de l’insecte aux rayons X. Son secret ne réside pas dans les munitions employées – un liquide contenant des benzoquinones, irritant commun dans l’arsenal des arthropodes – mais dans sa capacité à l’expulser cinq fois plus rapidement et à très haute température (100 °C). Tout se joue dans une paire de glandes abdominales abritant une chambre réservoir, où le liquide défensif est produit, et une chambre de réaction, où les composés chimiques le portent à ébullition. Entre les deux, une valve, qui se ferme lorsque la pression augmente dans la chambre de réaction, interrompant l’alimentation, puis s’ouvre lorsque la pression retombe, une fois le jet toxique expulsé de l’abdomen. Une nouvelle munition peut alors s’engager et le carabe entretenir un feu nourri contre ses agresseurs.
Sources : livre Insectes superstars de Sol Camacho-Schlenker et Antonio Fischetti (Editeur : Actes sud junior), Wikipedia, Sciences et avenir juin 2015, article de Laurent Brasier.
Crédit photos (du haut vers le bas) : ARBRE, CB2ZOBWENN.COMSIPA.

